Sabine Sicaud

« Les femmes sont-elles devenues poètes ? » - Extrait

par la Duchesse Edmée de La Rochefoucauld

In Les Annales Conferencia, Revue mensuelle des Lettres françaises,

67e année, no 121, novembre 1960, p. 30-31

 

          Et voici l’enfant poète, Sabine Sicaud, charmante muse pleine de promesses qui disparut à quinze ans, laissant des inédits et un livre imprimé qu’Anna de Noailles, la grande aînée, préfaça, séduite d’y trouver le goût de la nature et le choix des mots délicats, imprévus, bien posés.

 

          Sabine Sicaud était née en 1913 à La Solitude, près de Villeneuve-sur-Lot, dans le Lot-et-Garonne. Elle décrivit sa maison dans le poème « La Solitude ».

 

          Musique, dessin, poésie, lui étaient familiers comme son jardin ; elle s’amusait à traduire des langues étrangères comme d’autres inventent un jeu et, bien que l’on ignorât souvent où elle vous menait, tout devenait si simple autour de cette petite fille qu’on oubliait de s’étonner. Beauté, santé, équilibre harmonieux. On oubliait aussi d’avoir peur… La marche sournoise de la maladie se fait cependant sentir à travers les poèmes de Sabine. Lasse, elle prévoit un avenir sombre : « Je pressens déjà ces choses tristes, la vieillesse, le ratatinement, l’ennui. »

 

          Ce n’étaient pas ces fléaux qui la menaçaient. Sabine qui s’exclamait : « Douleur, je vous déteste », Sabine qui avait trouvé ce cri éternel, ce vers magnifique : « Je ne puis mourir puisque je suis née », devait malheureusement quitter les siens à l’âge de Juliette, en 1928, déjà triomphante et entrée dans la gloire. On a réédité récemment ses émouvants poèmes. (1)

 

          Tout enfant, elle décrivit ainsi sa chatte Fafou :


« La petite panthère noire aux yeux dorés
Nous apporte son fils… Dans la maison amie,
Elle déménage et le cache à son gré –
Tiède boule innocente et qu’on trouve endormie
Dans l’armoire ou la boîte à fil, ou sur un livre…

 

Bébé nègre, ses petits poings serrés,
En un Paradis vague il semble vivre,
Un Paradis où l’on tette et l’on dort.
 » (2)

 

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(1) Les Poèmes de Sabine Sicaud, Paris, Stock, 1958 [Guy Rancourt]
(2) « La chatte et son fils » in Poèmes d’enfant, Poitiers, Les Cahiers de France, 1926.

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